En octobre 2025, Rockstar Games a licencié entre 30 et 40 développeurs travaillant sur GTA 6 dans ses bureaux britanniques et canadiens. Selon la direction, ces salariés ont été virés pour “faute grave” après avoir “révélé des informations confidentielles” sur un "forum public" qui était en réalité un serveur Discord privé, d'après les dernières informations révélées par le syndicat des développeurs, People Make Games.
Les sources de la discorde chez Rockstar
De nombreux anciens employés et l’Independent Workers’ Union of Great Britain (IWGB) dénoncent une tout autre vérité derrière ces licenciements : pour eux, il ne s’agit pas de simples fuites, mais d’une répression syndicale massive. Ils affirment que quasiment tous ceux qui ont été licenciés étaient membres d’un groupe Discord dédié aux discussions syndicales.
Selon les témoignages, ces développeurs discutaient non pas de secrets de production de GTA 6, mais surtout de leurs conditions de travail, du burnout, et de l’organisation d’un syndicat. Ce serveur Discord était essentiellement un espace pour parler de syndicalisation, avec des organisateurs externes présents, selon l’IWGB.
Une des personnes présentes sur le serveur Discord aurait fait remonter la fuite d'emails à la direction de Rockstar de North, qui de son côté, assure que ces conversations provoquaient des infractions à la politique interne : “distribuer et discuter des informations confidentielles dans un forum public” serait la raison invoquée pour les licenciements, ce qui constituerait une violation de leurs règles internes. La firme indique que cela “n’a rien à voir” avec le droit des employés à se syndiquer.
Mais les salariés licenciés ne sont pas restés silencieux. Plusieurs d’entre eux ont manifesté devant les bureaux de Rockstar North en Écosse, soutenus par l’IWGB, pour réclamer leur réintégration. Par ailleurs, 220 employés encore chez Rockstar ont signé une lettre demandant la réembauche des licenciés.
Union Busting vs. Leaks
Les messages Discord en cause seraient particulièrement ciblés : selon certains témoignages, les développeurs discutaient des différents canaux de discussions supprimés récemment par le studio qui cherchait à "optimiser la production" et d’un contrôle accru de la communication interne. Par exemple, la suppression de salons Slack dits “non professionnels”, où les gens parlaient de leurs hobbies ou de leur vie personnelle, aurait été décrite comme une manœuvre pour “purger” certaines discussions et centraliser les communications.
Un ancien employé anonyme a rapporté qu’on les a convoqués “gentiment” individuellement, puis on leur a remis une lettre expliquant que leur contrat était rompu pour “mauvaise conduite” liée à des messages sur Discord. Certains de ces entretiens de licenciement auraient duré moins de cinq minutes, sans droit à représentation syndicale, ce qui constitue selon eux une violation du droit du travail britannique.
Les revendications sont graves : l’IWGB parle d’un “acte de destruction syndicale le plus impitoyable de l’histoire de l'industrie du jeu vidéo au Royaume-Uni”. Les anciens employés affirment que leurs échanges Discord ne contenaient pas des fuites de code ou d’éléments de jeu, mais des conversations sur des conditions de travail, des heures supplémentaires, du stress, etc.
En réponse, Rockstar et sa maison-mère Take-Two soutiennent fermement que ces licenciements concernent bien des manquements graves à la politique de confidentialité (“gross misconduct”), et refusent l’accusation de licenciements liés à des activités syndicales.
Mais au-delà des mots, des actions concrètes suivent : l’IWGB a déposé des recours juridiques contre Rockstar, réclamant des compensations et la réintégration des employés licenciés, invoquant un licenciement abusif fondé sur la syndicalisation. Les procédures en justice prenant du temps, il y a peu de chances que cela mène à une résolution rapide, à moins que Rockstar revienne sur sa décision, ce qui nous semble très peu probable dans ce contexte tendu.
Une leçon plus personnelle à retenir de tout ça est qu'il faut être conscient que sa présence et ses propos sur un serveur Discord, même privé, peut avoir des conséquences graves.










